Mais revenons sur le pourquoi du comment. Tout commence dans un buffet de fête de fin de festival de théâtre jeune public, à Kingersheim en Alsace. Nous avons joué la dernière, démonté et venons assister à ce grand mess des artistes qui clôt ces quelques journées de jeu pour les nombreux saltimbanques et de repérage pour les nombreux programmateurs professionnels présents. Mon collègue est dans la file du buffet et lorgne avidement la salade de pomme de terre froide quand une dame en rouge engage la conversation. Elle le félicite pour sa performance dans la pièce d'un désormais mythique Ma tou ès oun danseur toi ! Gauthier, flatté et étonné embraye et lui donne les coordonnées de la compagnie. Mais sans trop y croire, jouer au Brésil, impensable, c'est trop énorme... C'était la programmatrice du FIL festival ( www.fil.art.br ) Contre toute attente 3 jours plus tard nous avions un mail de sa part. Et l'aventure commença.
Je vous passe les détails d'organisation, de stress pour les comédiens (il faut apprendre le texte en portugais quand même, ou en tout cas une partie), de possibilités techniques pour moi, les nombreux mails envoyés pendant les mois précédent notre venue, les répétitions en portugais avec traduction simultanée au final, le casse-tête logistique de l'empaquetage des marionnettes et accessoires... Pour nous retrouver le 21 septembre, 5h du matin à Zaventem. Gauthier et moi partons en éclaireurs, le reste de la compagnie arrivera un peu plus de 24h plus tard. Il drache à Bruxelles, pour changer, mais celle-ci est particulièrement intense, on est trempé rien que sur le chemin entre le parking et la zone des départs. Il est tôt, très tôt et en ce début de saison on a déjà entamé notre réserve de sommeil pour les mois à venir. Nous sommes rentrés de France à peine 21h plus tôt. Quelques heures de répit dans nos foyer et c'est reparti. Bref on a les paupières qui crient coussin et couette.
Quand on s'ennuie sur le tarmac madrilène ça donne ça... |
Notre vol se passe sans encombre jusque Madrid où
nous avons une escale. On dort tout le long en fait. A l'atterrissage
nous faisons attention à ne pas nous perdre dans ce grand aéroport,
ça nous est tout les deux déjà arrivé ! Pendant la phase
d'approche de l'avion je suis frappé par les paysages désertiques
qui entourent Madrid. Pas un arbre à l'horizon, la terre est pelée,
burinée par le soleil. Le Sahara a commencé les travaux
d'agrandissement j'ai l'impression... Nous sommes dans les temps pour
notre correspondance. Nous embarquons, les portes de l'avion se
referment et l'équipe de G.O. aérienne commence sa célèbre danse
de l'été. La macarena peut aller se rhabiller. L'engin est en bord
de piste, dans les starting-blocs quand le capitàn nous
annonce que nous avons un communication break-out problem
on board et que nous allons
devoir changer d'avion. Oufti ! Pffffft ! Bon l'avion
retourne se garer, le temps que tout le monde sorte il est 13h,
départ initial prévu 11h20... Du coup vu qu'on a pas mal la dalle
on craque pour un Burger King de derrière les fagots, c'est bien
parce qu'il y en a pas en Belgique hein, sinon certain qu'on aurait
pas craqué, je vous jure...
Finalement ré-embarquement dans
une cohue plus ou moins maitrisée par le personnel de la compagnie
aérienne, on s'installe de nouveau, mais dans un autre avion un peu
moins récent que le premier, les sièges sont tout de mêmeplus confort. A
part en business mais ça c'est la classe, normal. Bien.
Ensuite s'ensuit le classique décollage/film/manger/film/bouquin/dodo
sur le
bouquin/manger/toilette/bouquin-film/dodo/film/manger/dodo/atterrissage.
Mettez dans le bon ordre, je pense que le premier et le dernier sont
correct. Bref nous voici sur le sol brésilien, récupération de
bagages, douanes... il est 21h20 heure locale, 02h20 heure des
frites. Nos retrouvons notre accueilleuse du festival, Priscilla,
grand sourire, parle super bien anglais (ouf), le courant passe
directement. Un énorme van vient nous récupérer et c'est parti, en
route vers la guesthouse que nous avons réservé pour quelques jours
avant d'être totalement pris en charge par le festival et de loger à
Copacabana.
Premières visions de Rio (put*** on est à Rio
mec!) et tout de suite on se rend compte d'une chose qu'on ne voit
pas sur les cartes postales classiques de la ville, Rio est une
mégapole, c'est super grand, énorme, gargantuesque. Nous passons
devant la fameuse rue du carnaval, la Sambodrome qui est une large
avenue entouré de hautes tribunes où défilent les écoles de
samba. Impressionnant ! On continue et on arrive dans le
quartier Lapa, un peu le quartier festif de Rio, à comparer avec Le
Carré à Liège mais en vachement plus grand. Le dépaysement
commence... Nous prenons de la hauteur et péniblement – la route
n'a rien à envier aux routes alpines, lacets serrés, pavés, il
pleut par intermittence donc glissante, le van est très long donc
nous devons passer les épingles en deux temps, s'y reprenant à
plusieurs fois, laissant de la gomme sur la route. Notre pilote
commence à perdre ses nerfs, c'est vraiment pas évident pour elle.
De plus nos accompagnateurs ne connaissent pas bien cette partie de
Rio, ils ne viennent que très rarement aussi haut dans la ville. On
cherche, on tourne un peu en rond, on demande son chemin aux rares
personnes que l'on croise en rue (il pleut), on va même jusqu'à
demander à une caserne de Bombeiros (les pompiers) et au final ça y
est nous trouvons enfin notre guesthouse. Il est 23h nous sommes
exténués.
![]() |
Il est cinq heure du matin, Rio la belle s'éveille |
Mais
ça valait la peine. De la terrasse nous embrassons des yeux la baie
de Rio, comme sur une carte postale justement. Après quelques heures
de sommeil les bruits de la forêt me réveillent. Et un peu le
jetlag aussi en fait.
Il est 5h30, je jette un oeil dehors. Wah, le lever de soleil sur la
baie est juste splendide, je réalise où je suis, c'est beau, unique
un lever de soleil sur la baie de Rio. D'un côté le pain de sucre
et Copacabana. De l'autre une belle surprise. En tournant la tête
vers la jungle et la montagne je vois le Corcovado, le
christ-rédempteur. J'ai beau dire tout ce que je veux sur la ou les
religions (et je pense que vous connaissez mon opinion là-dessus) je
suis bluffé. Il est là ce grand gars en robe de granit, entourant
la ville de ses bras immenses ! Le tableau est magnifique. Je ne
sais que dire, comment exprimer cette harmonie pour l'oeil, cette
vision paisible. Juste waouh!
Dans trois heures nous serons au théâtre qui nous accueille pour adapter notre spectacle en fonction de la salle. Ça aussi ça risque d'être une belle paire de manchette!
————
Ce fut en
effet une joyeuse expérience ! Découverte du théâtre où
nous allons jouer, le Teatro Jockey. Comme son nom l'indique, et on
aurait pu le supposer mais bon, il est situé juste tout à côté de
l'hippodrome de Rio. Déjà on ne savait même pas qu'il y avait un
hippodrome en plein Rio, c'est dire ! Rencontre avec l'équipe
technique brésilienne, des super gars. Et surtout rencontre avec
Léandro, le directeur technique du théâtre que nous connaissons
pas mal du tout mais que par mail, nous mettons enfin une tête et un
visage sur une signature numérique ! Une super team donc,
ouverte, souriante, à l'écoute (même si aucun à part Léandro ne
parle anglais). En fait c'est une ambiance quasi familiale qui règne
dans ce théâtre, et c'est pas pour nous déplaire, on s'y intègre
naturellement très vite.
Par contre adapter la lumière d'un spectacle à une salle en configuration classique (un grill, des perches et sous-perches, un vrai plateau, un gradin devant le plateau) alors que nous jouons en Europe avec notre propre structure créée pour le spectacle c'est assez excitant ! Un beau challenge. Surtout si les techniciens qui travaillent pour nous ne pètent pas un mot d'angliche, encore moins d'espinguoin. On s'en remet aux dessins et griffonnages en bord de gradin, à la sacro-sainte langue des mains et on barragouine un mélange d'espagnol, français, anglais, italien (?), le tout agrémenté de consonances portugaise placées au petit-bonheur-la-chance et finalement on arrive à quelque chose ! Et franchement le tout en rigolant de bon coeur ! On est bien parti pour que ça roule pas mal ce spectacle au Brésil !
En fin d'après-midi nous allons accueillir le reste de la compagnie à l'aéroport. Retrouvailles, rigolades, « alors ça été le vol ? », récupération des bagages et estimation des éventuels dégâts occasionnés par le transport sur le matériel... à part un coup bien visible sur la table de jeu en bois, ça va ! Et c'est reparti pour un tour de van dans les hauteurs cariocas. Deux avantages aujourd'hui, on sait exactement où est l'hôtel et il ne pleut pas. Mais ça reste tout de même rock'n'roll comme trajet, heure de pointe et routes cabossées y étant pour beaucoup ! La compagnie installée nous nous retrouvons sur la terrasse dominant la baie de Rio, sirotant une caïpirinha maison offerte par la patronne... santé Na Corda Bamba !!
Troisième jour, Gauthier et moi allons rejoindre les artisans qui ont fait la structure et les rouleaux de notre accessoire principal de jeu, sans lequel le spectacle ne pourrait se jouer : la table. En effet nous avons pris le parti de la faire reconstruire sur place, l'envoyer serait trop coûteux, trop risqué aussi. Néanmoins nous avons pris avec nous le dessus de la table ainsi que la devanture, le tout faisant partie intégrante de la scénographie. Nous voilà parti donc dans un quartier que peu de touristes visitent, c'est certain. C'est roots, on distingue enfin le vrai Rio, même si ça n'est pas encore le quart-monde. Nous sommes à San Cristovão. Entrelacs d'échangeurs autoroutiers, routes à deux étages, trottoirs défoncés, bâtiments usés et rafistolés, toits de tôle, portails en fer et judas grinçants. Nous arrivons dans l'atelier et examinons le travail accompli. C'est bien, très bien même. Quelques adaptations sont nécessaires mais nous nous y attendions. C'est quasi impossible de reproduire une structure métallique identique à plus de 8000km de distance.
On sort donc les gros outils, poste à souder, disqueuse, foreuse, pistolet à clou, scie circulaire, raboteuse, mètre et crayon de maçon. Gauthier part même négocier le kilo d'écrou de 17 dans un garage voisin. 22 Réais, pas mal. Nous faisons aussi connaissance avec le gourou de cette caverne d'Ali Baba de la bricole, Geronimo. C'est vraiment pas une blague, il s'appelle comme ça. Et c'est un vrai carioca, large sourire et gentillesse. Et doué de ces mains comme c'est pas permis. Franchement une belle rencontre et presque un honneur de bosser avec un gars à ce point compétent. Sur la même longueur d'onde, sans langue commune pour se comprendre, juste l'esprit bricoleur. Si vous me connaissez un tant soit peu, vous imaginez comme j'ai apprécié ce moment et quel bon souvenir j'en garderai. Puis y'a rien à faire, avec ce grand échalas qui me sert de collègue et directeur technique, on rigole à tous les coins de phrases, ça aussi c'est précieux !
Nous passons l'après-midi à répéter le texte en portugais avec Eros, la traductrice que le festival à mis à notre disposition. C'est assez inhabituel comme situation, enfin je ne pense pas que ça court les rues un spectacle doublé en direct sur le plateau. Du sur- ou sous-titrage j'ai déjà vu, plusieurs fois. Mais franchement ça c'est une première. Une aventure à tout niveaux cette tournée ! La répétition se termine juste à temps pour que nous puissions profiter d'un très beau coucher de soleil sur une des plus belle plage du monde : Ipanema. On en prend plein la gueule, passez-moi l'expression. On prend du temps pour se rendre compte qu'on est là, les pieds dans l'eau, assourdis par les rouleaux que chevauchent des surfers. Surfers qui sortent de leur appartement en combinaison planche sous le bras pour aller se jeter à l'eau, ça n'est pas rare d'en croiser à pied dans le quartier. Et c'est tout naturel pour les gens d'ici.
Le soir nous décidons d'aller
manger dans le centre de Santa Teresa, un quartier sur les hauteurs
de Rio où nous avons notre guesthouse. C'est encore une fois loin
des artifices du Rio en bord de mer, es quartiers huppés de
Copacabana et Ipanema. Rues pavées et plus qu'inclinées dans
lequelles les chauffeurs de bus se prennent pour des vrai pilotes.
Ayrton Senna n'est pas loin. Enfin suffisamment pour que nous
arrivions sain et sauf à bon port. Dans le centre du quartier je lis
véritablement l'histoire récente de la ville sur ces murs. Tout est
graffé, poché, tagué. Des fresques célébrant la dernière
victoire du brésil à la coupe du monde aux cris rageurs des
cariocas, conscient que dans cette société il y a deux classes, les
gens aisés et les autres. Pas de classe moyenne. Une ville qui a
conscience de ses richesses et des balafres que la toute puissance du
business inflige à la mégapole. « Mas amor por favor »,
« Salva Rio », « Fuck FIFA »... Une excursion
nocturne très intéressante.
Ok j'ai pas trop écrit ces derniers jours. J'ai juste pas eu le temps. Et le courage de rassembler mes idées des dernières journées. Je vous explique pourquoi.
Donc commençons par le montage du spectacle à proprement parler. Prévu à 19h, nous arrivons au théâtre vers 18h30. Nous voulons commencer à l'heure, vu l'ampleur de la tâche qui nous attend. Première épine, dans le théâtre se déroule un forum important concernant les acteurs locaux de la scène et l'administration du spectacle pour enfant de Rio, ou du Brésil. Enfin un truc du genre. Ce qui est certain c'est qu'un gros con (et je pèse mes mots) du gouvernement de l'état de Rio tient le crachoir depuis un moment, que les participants du forum en ont plein les oreilles et que ça dure, ça dure, ça dure. Si j'ai bien compris ils sont en train d'écrire une sorte de convention en direct-live sur un écran géant, à 80 mains et 40 voix donc et qu'ils ne sont pas du tout d'accord sur tout. Ils auraient dû avoir fini à 18h... On attend. Les gens du théâtre nous ouvrent le buffet réservé à ce fameux forum. C'est vraiment chiant. On prend notre mal en patience mais à un moment ça commence à bien faire... Finalement applaudissements, je me dirige dans la salle. Hop photo de groupe oblige, Leandro (directeur technique du festival, un super super gars) prend un appareil pour la photo officielle, l'autre con de politicar me tend son téléphone et me demande de faire des photos aussi avec son gsm. Surréalisme bonsoiiiiiiiiir !
Bref
c'est enfin parti, nous entamons le montage à 20h. Ce soir là on
quittera le théâtre à 2h du matin. Sans avoir fini. C'est que
c'est quelque chose d'adapter un spectacle sur un plateau de théâtre,
en configuration classique alors qu'il n'a jamais été pensé ni
créé dans ce but ! Outre les défis techniques – comme
suspendre des rails de train à un grill (le plafond d'un théâtre
pour les néophytes) à 5m de haut, avec une longueur de rail de 6m,
le tout pour que le train ne tombe pas ni ne déraille et qu'il ai
l'air de flotter dans l'espace ou encore installer le câble de 15m
de long d'une poupée-funambule en travers de la salle, au-dessus du
public. Sans compter l'adaptation lumière, les distances de jeu pour
les comédiens, ... Il y a aussi le fait que les techniciens du
théâtre ne parlent pas un mot d'anglais, que nous ne parlons pas le
portugais et qu'au final on perd plus de temps à expliquer ce qu'il
faut faire à ces techniciens que le faire nous-même. On a donc
couru toute la nuit comme des malades ! L'horloge s'affolant,
Léandro vient nous aider en fin de « journée ». Nous
arrêtons donc à 2h du matin et convenons Léandro et moi de
reprendre à 8h pour le pointage lumière. La première
représentation est à 14h.
Après avoir dormi 3h je suis donc dans un taxi carioca pour aller au théâtre. Je m'endors dans les embouteillages monstres de Rio. A l'arrivée Léandro est dans le même état que moi. La journée va être hard. 10H le reste de la compagnie arrive, on fini les pointage. Il reste encore quelques détails vachement important à régler. Il y a dans ce spectacle toute une série d'effet scénique qu'il faut préparer et ça prend du temps. Régler le son aussi, les micros sans-fil, ... Bref jusqu'à 5min de l'entrée du public je suis toujours en bleu de travail en train de réparer de la micro électronique. Enfin tenter. Je m'énerve, on est dans le rush, j'essaie de procéder par étapes, dans un ordre d'importance logique. Bon tant pis on a plus le temps. Le public va rentrer, je vais me changer. Le représentation qui a suivi a été pour nous 3 (les deux comédiens et moi) la pire que nous ayons vécu ensemble. Je vous passe les détails mais on a été extrêmement content d'en arriver au bout. Ça y est, c'est passé. On est exténué. Au bout de nos forces. Et pas dans un moral de fête d'anniversaire. Débriefing. On se rassure et se console en se disant que vu les conditions on aurait pas pu faire faire mieux. Et honnêtement c'est vrai. Waouh comme c'était chaud ! On prend note des améliorations à faire, des petites modifications à apporter pour le confort de la pièce et puis on va manger. Enfin. Après un repas dans le centre je rentre à l'hôtel. Je m'effondre à 19h30 et ronfle d'une traite jusque 7h30. Faut croire que j'en avais besoin !
Nous jouons la deuxième à 10h du matin. Ok, ça marche. Ce n'est pas encore parfait mais on retrouve nos sensations de la maison. Au final on apprivoise ce théâtre et son public, l'ambiance de jeu à la brésilienne. On est soulagé, c'est parti, nous voilà lancés ! L'après-midi se passe entre marche autour du stade de Flamengo, restaurant (Academia de Cachaça) et taxi dans les embouteillages. Nous finissons la journée avec Gauthier à flâner sur Copacabana, prenant ça et là des photos pour le Flaireau Magasine ©. Un concept un peu private joke de la compagnie, imaginant que nous éditons un magasine de barakis avec en reporters spéciaux Gauth' et moi-même. Un peu comme « Les chtis à Mykonos » mais ça serait plus « les flaireaux à Rio ». Bref l'ambiance est plus que bonne. Nous échouons dans un des temple de la slash/clip-clap/tong, un Havaianas Shop. Emplettes donc, rires, hésitations, envie de coup-de-boule au vendeur, du shopping quoi. Après quoi petit apéro bonne franquette dans un bar local le long d'un gros axe routier de la ville (genre comme si on était au Pauvre Job en terrasse). C'est inouï le trafic de cette ville. C'est fatiguant en fait. En restant 20min à cette terrasse on a vu pas loin d'une centaine de bus passer. Affolant. Pas étonnant, Rio (7millions d'habitants, 12 avec la périphérie) n'est équipée que de 2 lignes de métro...
Aujourd'hui
nous jouons notre troisième à 19h. C'est pas tôt tôt. Du coup on
va se balader sur Copacabana. Pieds dans la mer, comme des gros
touristes que nous sommes. Il ya quand même une bonne différence
entre Copacabana et Ipanema. La première a un côté ze
place tou bi vachement plus
prononcé que l'autre. Ici la toute puissance du paraître nous
frappe en plein. Echoppes à touristes videmment, jeunes cariocas
en ballade, rollers et longboards. La mer y est plus calme aussi, les
courants moins forts et donc les gens s'y baignent plus aisément.
Ipanema est plus 'sage', tranquille. C'est un peu comme
Coxyde/Knokke.
Nous arrivons au théâtre pour voir le spectacle de la cie avec laquelle nous partageons la salle, des français de Bordeaux bien sympa. Le spectacle s'appelle Play et s'adresse aux tout-petits. Et franchement j'ai bien aimé, scéno et lights bien ficelés, chouette donc. Par contre un public horrible, sans gêne, un encadrement inexistant... Pas hyper cool pour eux. On espère ne pas vivre la même situation dans quelques heures. Donc c'est parti pour la troisième ! C'est une tout public, celles que je préfère. Salle remplie, public poli et respectueux. A part un ou deux couacs c'est une super représentation, pleine d'énergie. Tonnerres d'applaudissements et standing ovation ! Ça fait du bien, pari réussi ! On souffle. Malgré l'heure il fait toujours super chaud. Pour fêter ça on se dirige tant bien que mal tous ensemble vers le marché de nuit de Rio.
Nous passons
devant une des plus vieille église du Brésil qui n'est plus ouverte
qu'une fois l'année
pour célébrer Santa Maria. Juste devant un palmier immense. Il a
été planté en même temps que l'édification de l'église, soit en
1843 ! En fait l'idée n'est pas bête, ce très haut palmier
est visible depuis la mer, indiquant la présence d'une église. Pour
les marins très croyants c'était une indication essentielle. Ainsi
que l’assurance d'avoir du secours si besoin et de l'eau.
Nousreprenons le bateau pour nous diriger vers le lago
azul.
Une eau truquoise, à trois mètre on voit le fond. Masque et tuba et
c'est parti, on explore et on en prend plein les mirettes. Superbes
poissons colorés, par centaines. C'est un peu comme l'aquarium du
quai Van Beneden, mais en mieux, en vrai, en pleine nature quoi !
Ensuite direction une autre plage ou un énorme barbecue attend le
groupe. Pffffft pas évident... Après avoir bien mangé c'est
reparti, balades en kayaks et canoës pour ceux qui veulent, sous un
soleil de plomb. On en profite car après tout dans deux jours nous
sommes de retour au plat pays qui est le notre. C'est vraiment
tranquille et dépaysant. Ça recharge les batteries et rempli la
tête de souvenirs. Du coup on en profite aussi pour faire des
grosses photos et vidéos de barakis, pour rigoler là il y a du
monde !
En fin d'après-midi le vent se lève assez fort, il est temps de rentrer, la météo est très changeante et nous avons encore un bon trajet en bateau pour retourner jusqu'Abraão. Don't stay under the palm trees, very dangerous for falling coconuts with the wind ! Tu m'étonnes ! Bref tout ce beau monde ré-embarque. A bord l'équipage nous prépare une caïpirinha de tous les diables, à l'ancienne dans une casserole. Vraiment une des meilleurs que j'ai bue, secoué par les vagues et admirant le coucher de soleil en mer. Et pour ce qui est des secousses on en a eu pour notre argent ! Le vent souffle de plus belle, la mer fait le gros dos et nous voici bientôt trempés par des litres d'écume passant au-dessus de bastingage ! Ma dieu ce qu'il fait froid ! Mais c'est assez rigolo comme situation, puis ici on sèche assez vite avec le vent. Voilà retour sur terre, demain nous reprenons le bateau puis le bus direction Rio, ensuite 11h d'avion jusqu'à Zaventem. Lundi nous montons à Manage. Super.
![]() |
la vue à la sortie du théâtre... panoramique sur l'hippodrome, au fond à gauche le Corcovado |
Par contre adapter la lumière d'un spectacle à une salle en configuration classique (un grill, des perches et sous-perches, un vrai plateau, un gradin devant le plateau) alors que nous jouons en Europe avec notre propre structure créée pour le spectacle c'est assez excitant ! Un beau challenge. Surtout si les techniciens qui travaillent pour nous ne pètent pas un mot d'angliche, encore moins d'espinguoin. On s'en remet aux dessins et griffonnages en bord de gradin, à la sacro-sainte langue des mains et on barragouine un mélange d'espagnol, français, anglais, italien (?), le tout agrémenté de consonances portugaise placées au petit-bonheur-la-chance et finalement on arrive à quelque chose ! Et franchement le tout en rigolant de bon coeur ! On est bien parti pour que ça roule pas mal ce spectacle au Brésil !
En fin d'après-midi nous allons accueillir le reste de la compagnie à l'aéroport. Retrouvailles, rigolades, « alors ça été le vol ? », récupération des bagages et estimation des éventuels dégâts occasionnés par le transport sur le matériel... à part un coup bien visible sur la table de jeu en bois, ça va ! Et c'est reparti pour un tour de van dans les hauteurs cariocas. Deux avantages aujourd'hui, on sait exactement où est l'hôtel et il ne pleut pas. Mais ça reste tout de même rock'n'roll comme trajet, heure de pointe et routes cabossées y étant pour beaucoup ! La compagnie installée nous nous retrouvons sur la terrasse dominant la baie de Rio, sirotant une caïpirinha maison offerte par la patronne... santé Na Corda Bamba !!
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Troisième jour, Gauthier et moi allons rejoindre les artisans qui ont fait la structure et les rouleaux de notre accessoire principal de jeu, sans lequel le spectacle ne pourrait se jouer : la table. En effet nous avons pris le parti de la faire reconstruire sur place, l'envoyer serait trop coûteux, trop risqué aussi. Néanmoins nous avons pris avec nous le dessus de la table ainsi que la devanture, le tout faisant partie intégrante de la scénographie. Nous voilà parti donc dans un quartier que peu de touristes visitent, c'est certain. C'est roots, on distingue enfin le vrai Rio, même si ça n'est pas encore le quart-monde. Nous sommes à San Cristovão. Entrelacs d'échangeurs autoroutiers, routes à deux étages, trottoirs défoncés, bâtiments usés et rafistolés, toits de tôle, portails en fer et judas grinçants. Nous arrivons dans l'atelier et examinons le travail accompli. C'est bien, très bien même. Quelques adaptations sont nécessaires mais nous nous y attendions. C'est quasi impossible de reproduire une structure métallique identique à plus de 8000km de distance.
On sort donc les gros outils, poste à souder, disqueuse, foreuse, pistolet à clou, scie circulaire, raboteuse, mètre et crayon de maçon. Gauthier part même négocier le kilo d'écrou de 17 dans un garage voisin. 22 Réais, pas mal. Nous faisons aussi connaissance avec le gourou de cette caverne d'Ali Baba de la bricole, Geronimo. C'est vraiment pas une blague, il s'appelle comme ça. Et c'est un vrai carioca, large sourire et gentillesse. Et doué de ces mains comme c'est pas permis. Franchement une belle rencontre et presque un honneur de bosser avec un gars à ce point compétent. Sur la même longueur d'onde, sans langue commune pour se comprendre, juste l'esprit bricoleur. Si vous me connaissez un tant soit peu, vous imaginez comme j'ai apprécié ce moment et quel bon souvenir j'en garderai. Puis y'a rien à faire, avec ce grand échalas qui me sert de collègue et directeur technique, on rigole à tous les coins de phrases, ça aussi c'est précieux !
Nous passons l'après-midi à répéter le texte en portugais avec Eros, la traductrice que le festival à mis à notre disposition. C'est assez inhabituel comme situation, enfin je ne pense pas que ça court les rues un spectacle doublé en direct sur le plateau. Du sur- ou sous-titrage j'ai déjà vu, plusieurs fois. Mais franchement ça c'est une première. Une aventure à tout niveaux cette tournée ! La répétition se termine juste à temps pour que nous puissions profiter d'un très beau coucher de soleil sur une des plus belle plage du monde : Ipanema. On en prend plein la gueule, passez-moi l'expression. On prend du temps pour se rendre compte qu'on est là, les pieds dans l'eau, assourdis par les rouleaux que chevauchent des surfers. Surfers qui sortent de leur appartement en combinaison planche sous le bras pour aller se jeter à l'eau, ça n'est pas rare d'en croiser à pied dans le quartier. Et c'est tout naturel pour les gens d'ici.
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une des nombreuse fresque typique de Rio |
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Ok j'ai pas trop écrit ces derniers jours. J'ai juste pas eu le temps. Et le courage de rassembler mes idées des dernières journées. Je vous explique pourquoi.
Donc commençons par le montage du spectacle à proprement parler. Prévu à 19h, nous arrivons au théâtre vers 18h30. Nous voulons commencer à l'heure, vu l'ampleur de la tâche qui nous attend. Première épine, dans le théâtre se déroule un forum important concernant les acteurs locaux de la scène et l'administration du spectacle pour enfant de Rio, ou du Brésil. Enfin un truc du genre. Ce qui est certain c'est qu'un gros con (et je pèse mes mots) du gouvernement de l'état de Rio tient le crachoir depuis un moment, que les participants du forum en ont plein les oreilles et que ça dure, ça dure, ça dure. Si j'ai bien compris ils sont en train d'écrire une sorte de convention en direct-live sur un écran géant, à 80 mains et 40 voix donc et qu'ils ne sont pas du tout d'accord sur tout. Ils auraient dû avoir fini à 18h... On attend. Les gens du théâtre nous ouvrent le buffet réservé à ce fameux forum. C'est vraiment chiant. On prend notre mal en patience mais à un moment ça commence à bien faire... Finalement applaudissements, je me dirige dans la salle. Hop photo de groupe oblige, Leandro (directeur technique du festival, un super super gars) prend un appareil pour la photo officielle, l'autre con de politicar me tend son téléphone et me demande de faire des photos aussi avec son gsm. Surréalisme bonsoiiiiiiiiir !
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coucher de soleil sur Ipanema Praia |
Après avoir dormi 3h je suis donc dans un taxi carioca pour aller au théâtre. Je m'endors dans les embouteillages monstres de Rio. A l'arrivée Léandro est dans le même état que moi. La journée va être hard. 10H le reste de la compagnie arrive, on fini les pointage. Il reste encore quelques détails vachement important à régler. Il y a dans ce spectacle toute une série d'effet scénique qu'il faut préparer et ça prend du temps. Régler le son aussi, les micros sans-fil, ... Bref jusqu'à 5min de l'entrée du public je suis toujours en bleu de travail en train de réparer de la micro électronique. Enfin tenter. Je m'énerve, on est dans le rush, j'essaie de procéder par étapes, dans un ordre d'importance logique. Bon tant pis on a plus le temps. Le public va rentrer, je vais me changer. Le représentation qui a suivi a été pour nous 3 (les deux comédiens et moi) la pire que nous ayons vécu ensemble. Je vous passe les détails mais on a été extrêmement content d'en arriver au bout. Ça y est, c'est passé. On est exténué. Au bout de nos forces. Et pas dans un moral de fête d'anniversaire. Débriefing. On se rassure et se console en se disant que vu les conditions on aurait pas pu faire faire mieux. Et honnêtement c'est vrai. Waouh comme c'était chaud ! On prend note des améliorations à faire, des petites modifications à apporter pour le confort de la pièce et puis on va manger. Enfin. Après un repas dans le centre je rentre à l'hôtel. Je m'effondre à 19h30 et ronfle d'une traite jusque 7h30. Faut croire que j'en avais besoin !
Nous jouons la deuxième à 10h du matin. Ok, ça marche. Ce n'est pas encore parfait mais on retrouve nos sensations de la maison. Au final on apprivoise ce théâtre et son public, l'ambiance de jeu à la brésilienne. On est soulagé, c'est parti, nous voilà lancés ! L'après-midi se passe entre marche autour du stade de Flamengo, restaurant (Academia de Cachaça) et taxi dans les embouteillages. Nous finissons la journée avec Gauthier à flâner sur Copacabana, prenant ça et là des photos pour le Flaireau Magasine ©. Un concept un peu private joke de la compagnie, imaginant que nous éditons un magasine de barakis avec en reporters spéciaux Gauth' et moi-même. Un peu comme « Les chtis à Mykonos » mais ça serait plus « les flaireaux à Rio ». Bref l'ambiance est plus que bonne. Nous échouons dans un des temple de la slash/clip-clap/tong, un Havaianas Shop. Emplettes donc, rires, hésitations, envie de coup-de-boule au vendeur, du shopping quoi. Après quoi petit apéro bonne franquette dans un bar local le long d'un gros axe routier de la ville (genre comme si on était au Pauvre Job en terrasse). C'est inouï le trafic de cette ville. C'est fatiguant en fait. En restant 20min à cette terrasse on a vu pas loin d'une centaine de bus passer. Affolant. Pas étonnant, Rio (7millions d'habitants, 12 avec la périphérie) n'est équipée que de 2 lignes de métro...
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"chateau" de sable sur Copacabana |
Nous arrivons au théâtre pour voir le spectacle de la cie avec laquelle nous partageons la salle, des français de Bordeaux bien sympa. Le spectacle s'appelle Play et s'adresse aux tout-petits. Et franchement j'ai bien aimé, scéno et lights bien ficelés, chouette donc. Par contre un public horrible, sans gêne, un encadrement inexistant... Pas hyper cool pour eux. On espère ne pas vivre la même situation dans quelques heures. Donc c'est parti pour la troisième ! C'est une tout public, celles que je préfère. Salle remplie, public poli et respectueux. A part un ou deux couacs c'est une super représentation, pleine d'énergie. Tonnerres d'applaudissements et standing ovation ! Ça fait du bien, pari réussi ! On souffle. Malgré l'heure il fait toujours super chaud. Pour fêter ça on se dirige tant bien que mal tous ensemble vers le marché de nuit de Rio.
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"Ordem e Progresso" |
Alors imaginez
un immense endroit réservé aux échoppes de tout genre, du coiffeur
au marchand de maïs grillé, du restaurant au vendeur de hamac, de
la scène de concert au vendeur de petit truc à la con en plastique
qui fait de la lumière et du bruit. Le tout dans un vacarme
abrutissant, chaque échoppe poussant sa sono au plus fort pour
attirer le chaland. Odeurs de grillades, fumées, large sourires et
pinas sur leur 31. Bref c'est assez typique, populaire et plein
d'ambiance. Après avoir dansé devant un groupe style concert du
Lyon's à la fête à Ninane, version Brasil et s'être cassé les
oreilles devant une autre scène où le concert était des plus...
mal sonorisé, nous nous arrêtons pour manger dans un restaurant de
cuisine de l'état du Para, au nord du Brésil. Nourriture
amazonienne donc. Et là, en 10 minutes mon corps a appris 3-4
nouveaux goûts inconnus, génial. En gros on a mangé des plats
typiques des Indios. Dont le très spécial Tacacà, une espèce de
soupe de plante de la forêt ressemblant à des épinards en branche,
agrémenté de scampis. Particularités de cette plante : elle
endort la langue et sécrète à la cuisson une espèce de gelée pas
très ragoutante à l'oeil mais nourrissante. Une super expérience
culinaire donc !
Gauthier et moi continuons la soirée avec Eros, notre traductrice pour le spectacle. Nous prenons la direction de Lapa, le quartier le plus festif de Rio. Une sorte de carré local. Sauf que franchement c'est bien plus grand, il y a beaucoup beaucoup plus de monde. C'est un quartier chaud. Dès la sortie du taxi nous recevons un nuage de gaz au poivre émanant d'un peu plus loin, la guardia civil vient d'arrêter quelqu'un. Super accueil, nez bouché et les yeux qui pleurent. Nous nous éloignons donc au plus vite et partons dans le sens opposé, nous retrouvant assez rapidement dans une partie très chaude et pas très rassurante du quartier. En comparaison les pires endroits de Liège font offices de lounge. « Arrêtez de parler français, nous faisons demi-tour, c'est pas bon ici, il y a trop de crack » nous intime notre guide. C'est vrai qu'on est pas franchement à l'aise, c'est glauque. Après cette arrivée mouvementée à Lapa nous repartons sur de bons rails et remontons la rue principale. Imaginez le boulevard d'Avroy rempli de bars et boites de concerts, underground ou très chic, des restaurants où bien souvent un groupe de samba éclate les membranes des haut-parleurs, foule bigarrée qui se répand sur la chaussée une bouteille à la main, rassemblement de punks qui crachent du feu et font des bolas, bars gay, camés en manque, brésilien-ne à la mâchoire carrée, étudiants fêtant le week-end... C'est impressionnant ! C'est carrément la cour des miracles ! Un vrai foutoir, la folie. Le carré c'est bien, Lapa c'est au-dessus. On se boit une chope dans un bar un peu calme, j'ai la tête comme un seau avec tout ce bruit partout. Rio c'est aussi ça, une ville bruyante. Il parait qu'il faut une quinzaine de jour pour s'y habituer...
Gauthier et moi continuons la soirée avec Eros, notre traductrice pour le spectacle. Nous prenons la direction de Lapa, le quartier le plus festif de Rio. Une sorte de carré local. Sauf que franchement c'est bien plus grand, il y a beaucoup beaucoup plus de monde. C'est un quartier chaud. Dès la sortie du taxi nous recevons un nuage de gaz au poivre émanant d'un peu plus loin, la guardia civil vient d'arrêter quelqu'un. Super accueil, nez bouché et les yeux qui pleurent. Nous nous éloignons donc au plus vite et partons dans le sens opposé, nous retrouvant assez rapidement dans une partie très chaude et pas très rassurante du quartier. En comparaison les pires endroits de Liège font offices de lounge. « Arrêtez de parler français, nous faisons demi-tour, c'est pas bon ici, il y a trop de crack » nous intime notre guide. C'est vrai qu'on est pas franchement à l'aise, c'est glauque. Après cette arrivée mouvementée à Lapa nous repartons sur de bons rails et remontons la rue principale. Imaginez le boulevard d'Avroy rempli de bars et boites de concerts, underground ou très chic, des restaurants où bien souvent un groupe de samba éclate les membranes des haut-parleurs, foule bigarrée qui se répand sur la chaussée une bouteille à la main, rassemblement de punks qui crachent du feu et font des bolas, bars gay, camés en manque, brésilien-ne à la mâchoire carrée, étudiants fêtant le week-end... C'est impressionnant ! C'est carrément la cour des miracles ! Un vrai foutoir, la folie. Le carré c'est bien, Lapa c'est au-dessus. On se boit une chope dans un bar un peu calme, j'ai la tête comme un seau avec tout ce bruit partout. Rio c'est aussi ça, une ville bruyante. Il parait qu'il faut une quinzaine de jour pour s'y habituer...
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lever de soleil sur Copacabana, tôt, beaucoup trop tôt |
Ok la dernière. Très bien,
toujours pas tranquille à la régie, c'est quelque chose de
travailler au Brésil! Rien de certain, faut toujours être
derrière les gens, aucune pro-activité de la part de notre équipe
d'accueil... Bref, à la brésilienne quoi ! Ça n'empêche qu'ils sont super sympa. Après avoir
empaqueté tout le matos pour un retour sur le vieux continent nous
retrouvons le reste des compagnies dans un restaurant partenaire du
festival, bières et caïpirinhas coulent pas mal, plus chez certains
que chez d'autres... En fin de repas une nouvelle tombe : une
cariocas qui fait les interviews du festival nous invite pour l'after
chez elle, trop bien ! C'est parti, on hèle un taxi, vamolas à
Santa Teresa ! On se retrouve donc dans in chouette appartement
avec plusieurs autres artistes du festival, avec des compatriotes
également, les flamands de Nothing for money and chicks
for free. Bon le reste ben c'est
une fête quoi, pas besoin de plus d'explications ! Nous nous
incrustons dans un taxi de collègues normands pour redescendre dans
le centre. Nous finissons avec ces mêmes collègues sur Copacabana
Beach pour le lever de soleil. C'est magique, féérique,
superbe !
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au détour d'une plage abandonnée |
Après 3h de sommeil c'est parti pour Ilha
Grande. On en mène pas large. Quelle idée de faire la fiesta toute
la nuit aussi ! Mais bon c'était à faire. Deux heures de bus
plus tard on embarque pour une traversée en bateau jusqu'à la
fameuse île. Arrivés sur place une chose est certaine, on va être
bien ! Quel contraste avec Rio !! Nous avons 2 de tension
mais ça tombe bien, l'île aussi. C'est vraiment hyper-peinard.
Mieux qu'une carte postale. Aucun véhicule sur l'île, tout se fait
en bateau, à vélo ou à pied. Voilà. Plages, reggae, soleil,
calme... on pourrait être plus mal ! Au menu du restaurant où
nous mangeons ce soir, barracuda. Parfait. En bord de mer. Pffft que
demander de mieux ? Ah si, des bonnes caïpirinha. Ce qui n'est
pas un problème, ils ont font de délicieuses ici !
Le lendemain nous partons à pied crapahuter jusqu'à l'autre bout de
l'île, plus ou moins. Il fait chaud, ça grimpe, mais les plages et
petites criques que nous découvrons au fur et à mesure de notre
marche nous laissent sans voix. C'est superbe, magique. On essaie de
pas se faire bouffer par les crocos sur le chemin (véridique!), on
entend au loin les cris assourdissants des gibbons, on salue un
sagui, on admire cette faune et cette flore inconnue pour nous. Ces
quelques jours au calme sont une bénédiction après la folie de
Rio.
rêverie nautique |
Pour notre avant dernier jour sur l'île nous avons
choisi un boat trip organisé avec snorkeling dans un lagon bleu,
farniente sur la plage, grillades, canoë et kayak de mer. Nous nous
retrouvons donc à une petite vingtaine sur un bateau, direction la
mer et l'ouest de l'île. C'est une vraie rencontre internationale
sur cet esquif ! Brésil, Argentine, Australie, France,
Hollande, Autriche, Belgique. Ça parle portugais, espagnol, anglais,
néerlandais, français... Et c'est assez la classe car on se
débrouille vraiment pas mal dans toutes ces langues, une petite
faiblesse en portugais peut-être. Nous avons droit à une petite
intro sur l'historique de l'île. On y apprend que c'était au départ
un repaire de pirates (ouftão) puis progressivement exportation de
sucre et de café. Ensuite c'est devenu une île-prison, un haut lieu
de contrebande (subsiste toujours une piste d’atterrissage
officieuse le long de la plage de Lopes Mendes) et puis depuis une
quinzaine d'années le tourisme s'y est développé et l'île est un
échappatoire à la vie éreintante de Rio. Première étape
snorkeling. Evidemment je me vautre sur les rochers, rien de grave
mais un bon coup dans les côtes tout de même.
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dernier coucher de soleil, derniers instants magiques |
En fin d'après-midi le vent se lève assez fort, il est temps de rentrer, la météo est très changeante et nous avons encore un bon trajet en bateau pour retourner jusqu'Abraão. Don't stay under the palm trees, very dangerous for falling coconuts with the wind ! Tu m'étonnes ! Bref tout ce beau monde ré-embarque. A bord l'équipage nous prépare une caïpirinha de tous les diables, à l'ancienne dans une casserole. Vraiment une des meilleurs que j'ai bue, secoué par les vagues et admirant le coucher de soleil en mer. Et pour ce qui est des secousses on en a eu pour notre argent ! Le vent souffle de plus belle, la mer fait le gros dos et nous voici bientôt trempés par des litres d'écume passant au-dessus de bastingage ! Ma dieu ce qu'il fait froid ! Mais c'est assez rigolo comme situation, puis ici on sèche assez vite avec le vent. Voilà retour sur terre, demain nous reprenons le bateau puis le bus direction Rio, ensuite 11h d'avion jusqu'à Zaventem. Lundi nous montons à Manage. Super.
C'est l'intro du guide K&V ? ;-)
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