Nous sommes partis début juillet pour une création originale et unique en Normandie, dans le domaine d'Harcourt avec la Cie Songes... j'ai pris le temps de griffonner quelques idées lors de ces quelques jours épiques! Bonne lecture!
Ce qui est bien avec les arrivées de nuit, c'est qu'on découvre les alentours d'un hébergement le lendemain matin. Magnifique bâtisse en colombage, toit pointu entouré de dépendances en chaume, petits géraniums et vieux luit dans la cour centrale. On est en Normandie, pas de doute. Et le petit crachin - pas si petit que ça finalement - nous le confirme. Nous sommes un grand nombre pour une tournée, 9. Toutes les places disponibles dans le camion en fait. C'est assez rare de "sortir" à autant de monde, la semaine promet d'être épique. Déjà les discussion interminables sur les manoeuvres délicates avec la remorque, les blagues à la con et la franchise parfois abusive n'augurent que de bons souvenirs. Déjà la vie en communauté est agréable, je retrouve avec plaisir le fait de se lever le matin en premier, prendre une rapide douche et mettre la table pour tous, griller de la brioche et lancer le café. Pour ceux qui connaissent, Vercorin n'est vraiment pas loin…
Puis le truc de malade aussi, c'est que le domaine où nous allons mettre en place "Le Bal d'Harcourt" est juste magnifique. Arbres centenaires, classés, espace gigantesque, prés, fauchage tardif, douves, château, pfffffft un vrai gosse moi là-dedans! Seule inquiétude actuelle, l'alimentation électrique. J'ai le plaisir de devoir illuminer ce lieu, vrai terrain de jeu pour un éclairagiste, et si je suis limité en puissance électrique je vais être frustré d'une belle manière!
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Bon après avoir discuté, tergiversé, convaincu, loué ce qui n'était pas prévu par l'organisation on déssere un peu les fesses car tout va bien au niveau électrique! Première journée consacrée au réglages des soucis électriques donc, au montage de la yourte pour certains, réunions de création artistique pour d'autres, toujours dans un cadre presque magique, entourés d'arbres centenaires classés, au bord des douves d'un château du 13eme… Et le climat ne fait que rajouter à cette ambiance particulière. crachins normands et grands soleils jouent à cache-cache.
Le plaisir aussi le soir de jouer à la pétanque alors que le repas mijote à feux doux, que les musiciens répètent leurs accords, les danseuses leur chorégraphie et que les vidéastes règlent leurs effets. J'échangerai jamais de place avec personne.
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Deuxième grosse journée de boulot. Techniquement on installe tout aujourd'hui. Réglages, angles d'éclairages, choix des gélat' pour les projecteurs, balances, implantation, bref ce genre de chose. Mine de rien ça nous a pris la journée complète mais le résultat est à la hauteur des attentes. ça va swinguer. Du coup vu qu'on a bien bossé la veille, la troisième matinée c'est congé. Dès le réveil c'est plein soleil, ni une ni deux on sort les boules de pétanque et c'est parti! Bon la première c'est ce soir, faudrait pas l'oublier…
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Première! Dernières modifications, dernier coup de balai et c'est parti. Les personnages s'incarnent, l'histoire se construit, les anecdotes imaginaires s'invitent et viennent compléter un scénario-squelette. Le public arrive, des sourires s'échangent rapidement. Ils sont venu chercher quelque chose. Quoi ils ne savent pas encore, ils ne savent peut-être même pas qu'ils sont venu chercher quelque chose. Mais ce qu'ils sont venus chercher est au rendez-vous. Nous leur avons concocté souvenirs et aventures, rires et émotions. La machine est en route et ne s'enrayera pas jusqu'à la fin de la récolte, quand nous aurons tout donné et que nous, aussi bien qu'eux, aurons tout reçu.
Mais toute première est perfectible évidemment. Après plusieurs heures de jeu, débriefing obligatoire. On remet de l'huile et on resserre les boulons où il faut, on donne du mou à la courroie, bref on fait quelques réglages. La deuxième sera normalement encore plus rayonnante que ce soir. Mine de rien c'est tout un art de créer in situ pour seulement 2 représentations uniques. Ça peut être presque frustrant car on peut toujours mieux faire, on aimerait le jouer 4-5 fois pour atteindre ce que tous et chacun avons en tête… Néanmoins l'éphémère rend ces moments encore plus précieux.
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Bon, comme prévu la deuxième était très bien, fluide, les enchainements coulaient de source. Il faut dire qu'il y avait plus de monde et les différents petits réglages que nous avons effectués furent très justement choisis. Ça donne vraiment envie d'en faire une troisième mais c'est comme ça. Une parenthèse, une page artistique se tourne. On ne rejouera plus ça. Douceur de l'éphémère. Du coup hop le démontage commence dans la foulée, de nuit. On est plusieurs donc ça roule bien. Par contre c'est bataille rangée avec les insectes hypnotisés par les lumières des quartz que nous laissons pour y voir. Et quelle chaleur. Nous ne nous attendions pas, en partant pour la Normandie, à ce qu'il fasse aussi beau et chaud, mais humide en même temps. Les affaires sont trempées après seulement quelques heures dehors en soirée.
Pour "redescendre" de toute cette folie, de cette pression et de ce stress, pour souffler puis un peu aussi pour fêter notre réussite d'une certaine façon, nous décidons de nous balader dans le château et son parc de nuit, sans lampes, dans la calme de la nature. Moment de partage silencieux dans le noir le plus complet, assis dans une clairière à observer les étoiles et à l'affut du moindre bruit, chouette, craquements de branches. Un beau moment de partage, un vrai petit bonheur de la vie!
Vu la connexion internet misérable dont je dispose maintenant, j'ai fait l'impasse sur une belle série de photos, je corrigerai dès que possible
la Cie Songes (presque) au grand complet vous salue bien bas!
Quel plaisir de lire ton récit ! Toujours aussi agréable à lire et encore une fois je me dis : "mince, il faut vraiment que j'y aille, dans cette yourthe"... Elodie
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